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paul tojean
L’annonce du printemps
« Alright ! Alright ! » s’époumona de sa chambre comme chaque matin, l’homme au torse nu frappant sa poitrine de ses grosses mains. « Alright ! Alright ! ». C’est alors que l'impensable se produisit : une sardine dessinait des cercles symétriques à hauteur de la fenêtre grande ouverte... (oui, tu as bien lu, lecteur sympathique et assidu : une sardine, comme il existe des pintades, des coqs, des scorpions, des bouquetons, des sangsues, des évêques, des ânesses...)
Cette sardine donc tournoyait dans les airs ! Mais le plus étrange fut l'apparition des bouquets de jacinthes qui jaillirent à chaque hoquettement du clupeidès, faisant naître un superbe arc-en-ciel. L’homme au torse nu halluciné par ce spectacle inhabituel détourna son regard avec mépris, lorsque ses yeux se portèrent sur les vastes étendues de ses prairies verdoyantes.
A sa grande stupéfaction, il découvrit une multitude de phallus qui, recouvrant ses champs, s’élevèrent vers les sommets impénétrables au fur et à mesure que la brume se dissipa.
Peu après, un grondement sourd éclata suivi d'une pluie torrentielle qui inonda toute la vallée. C'est alors que les phallus s'ouvrirent comme des corolles et se transformèrent en d’innombrables parapluies. « Alright ! »
C'est ainsi que s'achève cette histoire dont je fus témoin un certain matin de 20...
(Ce texte a paru dans La Lettre de Loess, n°7. Janvier 2009 et dans le quotidien Centre Presse, daté du dimanche 4 juillet 2010).